Sophia - May 3 '04: La Maroquinerie, Paris (F), with Gamine

Review 1
Pour ceux qui ne connaissent pas la Maroquinerie, une petite description du lieu s'impose. Dans une rue très calme du 20è arrondissement, une enseigne annonce le lieu. Un porche, une cour intérieure dans le fond, dans laquelle on découvre un bar et sa terrasse. Sous le porche, une porte, un escalier qui descend vers la salle. Une petite salle, une fosse toute ronde, deux marches formant une sorte de gradin sur le pourtour. On se sent en famille, dans cet endroit. Malgré sa petite taille, la salle est loin d'être remplie quand commence la première partie. Parfait : il est donc possible de rester assis dans la fosse pendant le set.

La première partie est assurée par un drôle de duo. “Nous sommes une bande anglaise ; donc désolée. Mais nous s'appelle Gamine, donc c'est un peu français”. La chanteuse porte une robe bleue bouffante, qui lui arrive au niveau des genoux ; elle a une toute petite voix, et ses cheveux blonds et lisses accentuent encore plus le côté “gamine” de la dame. Le pianiste qui l'accompagne porte un costume sombre, qui lui donne un air solennel, vite démenti par le sourire mutin qu'il arbore quasiment en permanence. En les voyant, je ne peux m'empêcher de penser à une Alice échappée du pays des Merveilles, accompagnée de son lapin blanc/pianiste… Leur set ressemble à un tour de chant à l'ancienne, complètement anachronique. Ils nous présentent une série de chansons très nostalgiques, qui manquent finalement vraiment d'allégresse. Le public est assez timide au début, désorienté par cette musique à laquelle on ne s'attendait pas vraiment. Certains montreront cependant plus d'enthousiasme, ce qui entraînera chez notre duo des réactions de joie amusantes à voir : elle sautille sur place, ils échangent des sourires radieux, elle en perd même le fil de ses chansons… Au final, même si la musique de Gamine ne m'a pas vraiment transporté, leur bonheur de jouer devant nous était très agréable à voir.

Après une courte pause, c'est au tour des cinq musiciens de Sophia d'entrer sur scène. A ce moment, il n'est plus envisageable de rester assis dans la fosse. Histoire d'y voir quelque chose, je me poste en retrait et en hauteur, sur les gradins. La musique fuse, un peu forte, mais elle n'en est que plus prenante. D'ailleurs, je n'y résiste pas longtemps, et rapidement, après quelques coups de coudes, me voilà juste devant la scène. Cela me permet d'ailleurs de mieux observer le bassiste, qui est vraiment craquant… Oups ! Excusez moi, je m'égare ! Les titres du dernier album alternent avec des titres plus anciens, et peut-être même une reprise de The God Machine, le groupe maintenant dissout qui est à l'origine de Sophia, selon les experts qui m'entouraient. L'émotion présente sur l'album n'en est que plus forte en live. Malgré un problème avec leur ordinateur, tout comme à la Black Session qu'ils ont fait quelques mois auparavant (seraient-ils victimes d'une malédiction parisienne ?), qui les oblige à jouer Oh my love sans programmations, les morceaux sont magnifiquement forts. La voix de Robin Proper-Sheppard est réellement magnifique, presque en permanence sur un fil, parfois à la limite de la rupture. On se prend leurs mélodies en pleine face. Les basses vous traversent le corps. La musique qui vous entre par les oreilles vous fait gonfler le cœur, comme lorsqu'on est amoureux, elle vous amène le cœur au bord des larmes. La puissance et la violence de cette musique ne demandent qu'à se répandre en nous, comme l'eau contenue par un barrage. Et on ne demande qu'à laisser les vannes s'ouvrir, pour évacuer toute cette tension, toutes ces émotions accumulées.

C'est finalement encore gonflé de toutes ces émotions contradictoires qui nous ont envahies tout au long du set, qu'on se retrouve à la fin du concert sur le trottoir de cette rue calme du 20è arrondissement. Un peu groggy et désorienté, il est difficile de redescendre sur terre après ce moment de pur bonheur. Je n'aurais qu'un mot : encore !
Claire, www.liabilitywebzine.com

Review 2
Hier la journée a défilé à une vitesse incroyable. Levé tôt j'ai passé un bon moment à lire et à terminer le dernier Paul Auster. La fin est bien, on commence à comprendre ce à quoi il veut en venir dans la seconde moitié du bouquin. Quand même pas du grand Paul Auster, selon moi. A 19h je marche jusqu'à la rue Boyer pour rejoindre Alex à la Maroquinerie.
Concert de Sophia !!! On prend un verre en terrasse et Robin (le chanteur de Sophia) est à une table, un peu plus loin. Il dine. Affublé des traditionnelles santiags, d'une chemise blanche (à fleurs ?) et d'un 501, il porte toujours la moustache et je trouve décidément que ça ne lui va pas. On entre au concert et la première partie, c'est Gamine. Quoi ? Où ? Comment ? Gamine s'est reformé ? Non, non il s'agit d'un homonyme et c'est un duo anglais. Lui au piano (je l'ai à peine entraperçu), elle au chant. Nous tombons, Alex et moi, immédiatement amoureux de ce bout de fille qui parle très bien français avec l'accent de Jane Birkin, qui est dans un belle robe bleue et qui chante.........divinement bien. Set très calme, ambiance café concert avec des réminiscences de Gainsbourg. Le public, clairsemé ce soir, réagit bien. Le concert commence avec "Bonjour Tristesse" et s'achève avec "The Goodbye Story". Salut aussi, Gamine, je vais écouter ton disque, tu peux être sûre.
Robin a passé toute la première partie derrière nous, très attentif mais il a du s'absenter car à un moment je me retourne et il porte maintenant une chemise noire. Un inconditionnel du premier rang des salles parisiennes lui offre une photo de la Black Session du mois de janvier dernier (Robin fera d'ailleurs une blague sur scène quelques instants plus tard en parlant de cette photo et du fait qu'il a exactement la même chemise que ce jour là : "mais ce n'est pas la même, rassurez vous, seulement toutes mes chemises sont identiques", on rit bêtement).
La salle s'est remplie et le concert enchaine très rapidement. La première partie du concert est composée essentiellement de vieux morceaux et du single du dernier album (Oh My Love). L'ordinateur ne fonctionne toujours pas (Robin se fend d'un "décidément mon mac n'aime pas Paris") mais le groupe est à l'aise, le son est excellent et très fort.
En final, on assiste à une fabuleuse version de "The Sea" qui est sans doute ma chanson préférée de Sophia. Le groupe quitte la scène pour revenir jouer 4 derniers morceaux dont une splendide et terrifiante version de "The River". J'en profite pour passer au premier rang mais je peine tant les 3 guitares sont fortes. Un grand moment, comme d'habitude.
1h20 plus tard, c'est terminé et une fille à qui j'ai filé une clope un peu plus tôt dans la soirée m'approche avec un grand sourire et me dit : "je peux t'ennuyer encore ?". Je réponds : "mais tu ne m'ennuies pas". Elle ajoute : "euh je veux dire, tu pourrais me filer une cigarette ?". Moi : "ah ça ? ben non". Elle s'éloigne, fâchée. Je crois rêver. On monte au bar du haut, on prend deux verres avec Alex et zou chacun chez soi. Sophia peut revenir dans un mois, j'y retourne. J'aime quand mon coeur s'emballe comme ça.
Aujourd'hui, après la visite à mon kinesi préféré (des progrès, même moi je m'en suis rendu compte), la journée est studieuse : faire des sauvegardes et faire de la place sur mon disque dur (pour accueillir les prochains nouveaux morceaux), installer des nouveaux plugs pour les tester, taper les textes de toutes mes nouvelles chansons et préparer le tracklisting du cd de maquettes. Je fais tout ça en survolant le nouveau magic, revue pop moderne. L'article sur Graham Coxon et Mission of Burma est super long, j'ai hâte de lire tout ça, ce soir dans mon lit.
Pour l'heure, je m'en vais à Saint-Paul prendre l'apero et diner avec A. et S. Bye bye
Matthieu Malon (www.blog-art.com/matthieumalon)

Review 3
Juste après l'avoir sortie des griffes de ce grossier personnage, je l'abandonne néanmoins à l'arrêt du bus pour filer tout seul au concert de Sophia à la Maroquinerie. Pas foutu les pieds là depuis un concert de Laika, époque black cat bone, où j'avais désespérément essayé d'offrir une invite en trop à l'entrée de la salle, et l'on m'avait fui comme la peste je me souviens. Pfff le public indé il m'énerve de toute façon, je l'ai déjà dit. Enfin bon bref, Sophia je les avais pas vus depuis ce concert mémorable du - je ressors mes fiches - 24 février 97 sur ma péniche 6/8, ni rien entendu d'autre que le premier album, le terrassant Fixed Water. J'arrive au milieu de la première partie, un duo anglais qui s'appelle Gamine, et qui n'a rien à voir avec le groupe de Paco Rodriguez - dont on trouve le second album régulièrement partout dans les brocantes. Là c'est un duo piano-voix avec un plutôt vieux monsieur et une blonde nymphette qui rappelle Anja Garbarek au premier abord, dans la voix et le côté intimiste, mais en fait c'est très élégant et il y a beaucoup de moments de grâce pure, surtout dans la deuxième moitié du concert. Bien choisi.

Pause sur la balustrade près de l'entrée (préfère pas trop m'éloigner vu l'étouffoir que c'est là-dedans), j'envoie encore un texto sans queue ni tête, histoire de faire semblant de m'occuper en gardant ma place qui me plaît bien. Sophia arrive, et comme Jonathan Richman, je vois que Robin Proper-Sheppard (l'âme du groupe) porte maintenant un bouc, c'est bizarre quand même ce truc. Enfin bon, il fait lever tout de suite le public "we're not fucking hippies" et ça commence hyper fort avec deux titres du début qui font hurler(!) les fans hardcore dès les premiers accords : i try to close my eyes but i'm afraid / of the dark i see / everywhere. Je fonds littéralement pour la chanson d'après, if only, et puis pour pas mal d'autres ensuite. A vrai dire, c'est un peu le groupe d'une seule chanson je trouve, mais en ce qui les concerne, ils auraient trouvé la bonne. Et ce qui sur disque pouvait paraître comme une formule séduit ici par la cohérence de ce qui est joué sur scène, et sonne tout simplement comme une succession de classiques du début à la fin. Alors ce morceau, ce serait un morceau avec quatre accords, où y'aurait une batterie très forte - que l'on a d'ailleurs la folle envie de mimer en permanence - qui ne ferait jamais de roulements, une basse très ronde, quelques notes de piano et de guitare supplémentaires pour affiner le tout, et surtout ce chant très particulier, reconnaissable entre mille (enfin, j'exagère un peu mais moi je le reconnais tout de suite en tout cas). Après une fausse sortie, ils reviennent jouer la fin de leur set, qui s'achève sur un très beau barouf de trois guitares en même temps. J'aime. Ce fut un très bon concert, merci madame. Et pouf, de suite je redévalais la rue de Ménilmontant, la tête dans mon bouquin.
Pierroleouf (Désordre, komakino.joueb.com)

Set list
So Slow
Are You Happy Now
If Only
Fool
Desert Song n° 2
Every Day
Oh My Love
Woman
The Sea
-------------------------------
Ship In The Sand
I Left You
The River Song
If A Change Is Gonna Come

Pic by Désordre

Pic by Kill Me Sarah

Pic by Kill Me Sarah

Pic by Yann Goupil

Pic by Robert Gil

Pic by Robert Gil

Pic by Robert Gil

Pic by Robert Gil

Pic by Robert Gil

Pic by Robert Gil

Pic by Robert Gil

Pic by Robert Gil

Pic by Robert Gil

Pic by Robert Gil