1999

Sophia (Reactor nr. 1, Feb. '99, by Bruno Ferrari)
Robin Proper-Sheppard n'est pas un homme résigné: américain émigré à Londres il y a une dizaine d'années avec l'espoir que sa perception musicale y serait mieux reconnue, il crée The God Machine en compagnie de ses deux meilleurs amis, signe sur Fiction Rec. (le label des Cure) et produit deux albums exceptionnels de classe et de puissance. Hélas, la mort soudaine du bassiste Jimmy Fernandez met un terme tragique à leur aventure commune, et alors que le batteur Ron Austin range définitivement ses baguettes, Robin décide au contraire de transformer cette épreuve, de la transcender au travers d'une musique épurée, confidentielle et touchante, en un ultime hommage à un ami et une époque disparus: "Avec le premier album de Sophia, je voulais savoir si je pouvais à nouveau créer de la musique...". Naît donc "Fixed Water", oeuvre acoustique qui au premier abord semble très éloignée du tranchant électrique et du jusqu'au-boutisme de son ancien groupe: au premier abord seulement, car demeurent finalement dans cet album l'essentiel de la démarche musicale de Robin, à savoir une force émotionnelle constante dans le jeu entre sa voix et sa guitare, une recherche de la mélodie nue, dépouillée, dans la lignée des songwriters à la Eliott Smith ou, plus près de chez nous, Polar. "Malgré tout, mes principales influences sont The Cure et Echo And The Bunnymen!" Après une longue année de tournée et de promotion pour son label (The Flower Shop), il s'entoure à nouveau d'amis musiciens (parmi eux des membres de Swervedriver) et le collectif Sophia donne le jour au second album, "The Infinite Circle", qui persiste dans la voie tracée par le premier tout en offrant une production mieux (trop?) maîtrisée et une cohérence musicale bien aboutie. Apparemment, Robin se dirige tout naturellement vers une maturité qu'il recherchait depuis longtemps:"Je ne ressens plus le besoin de jouer une musique aussi "électrique" ou noisy qu'avant... Mais nous changions déjà notre orientation avec The God Machine, et le fait que les gens refusaient l'idée que nous n'étions pas seulement un "noise band" était pour moi un problème." Quoi qu'il en soit, projeté dans un tel foisonnement d'émotions et de sentiments, l'on ne peut reste indifférent et c'est bien là la marque d'une musique véritable et sincère. "Music is a strange thing, you know...?"